mardi 3 mars 2015

Egalité entre les femmes : Une nouvelle approche sur le féminisme

Le féminisme, la plus importante initiative prise par et pour les femmes, semble omettre une étape très importante dans son plan d’action. Ce qui devrait retenir, à mon sens, l’attention des tenantes de ce mouvement, reposant foncièrement sur l’émancipation de la femme. Cela ne sous-entend-t-il pas le refus de toute forme d’exclusion, née des préjugés, d’ordre socio-économique, racial et esthétique ? Autrement dit, comment les militantes féministes pourraient-elles réussir effectivement si elles n’affirment pas qu’avant même de se prononcer sur l’égalité de droit entre les hommes et les femmes, aucune femme ne doit être marginalisée ? N’est-ce pas dans ce contexte qu’il faut aborder la question de l’égalité entre les femmes indépendamment de leurs niveaux d’esprit, leurs attraits physiques, leurs biens matériels et leurs situations géographiques ?


Aucune femme ne doit être, dans le cadre de ce mouvement, méprisée à cause de son niveau d’esprit ou de son apparence physique. Analphabète, illettrée ou effrayante qu’elle puisse être, elle est la mère d’une Jacqueline Russ, philosophe ; Hannah Arendt, politicienne; Simone de Beauvoir, féministe iconoclaste… Elle portait hier ce fœtus qui devient aujourd’hui cette figure emblématique. Est-elle alors privée d’esprit pendant qu’elle l’accompagne dans son second accouchement afin de devenir, selon le vœu de Socrate, cette femme d’esprit ?Entre cette «femme-née » et cette «femme- devenue », il est une intersection qui ne renvoie nullement aux conditions biologiques ni au niveau de pensée de ces deux catégories. Ce n’est pas par nature ou par niveau de culture qu’il faut chercher leur égalité. Car naturellement il y a des femmes qui dépassent de nombreuses autres par leurs aptitudes et leurs appas comme culturellement, d’autres qui marquent leur différence dans des disciplines intellectuelles (philosophie, littérature, arts, science, politique…). On doit la chercher de préférence dans le sens d’une bataille incluant nécessairement toutes les femmes du monde sans aucune comparaison préméditée. Car le mouvement féministe peut bien avoir des initiatrices et des chefs de file prestigieux mais les destinataires restent uniques : FEMMES DANS LE MONDE!
Il n’est donc jamais question de la défense des droits d’une catégorie de femmes mais de toutes les femmes indistinctement. Aucune d’entre elles ne peut être considérée comme supérieure à son sexe-semblable, moins par le fait d’être une créature humaine obéissant aux mêmes conditions biologiques qu’à cause de cette nouvelle position féministe basée sur la plaidoirie pour un statut égalitaire entre toutes les femmes, la lutte contre toute forme de discrimination et toute attitude clanique entre elles. Ce problème d’égalité de droit entre les hommes et les femmes, soulevé par les féministes, semble résolu dans le vodou. Car « Il n’existe aucune forme de ségrégation à l’égard de la femme dans le vaudou. Elle y est, au sens strict, l’égale de l’homme et personne ne songerait à la cantonner dans les rôles secondaires. On pourrait même dire qu’elle y occupe une place privilégiée » (1) . C’est idem pour les hounsis qui, accompagnant la mambo dans ses cérémonies rituelles, sont en général, des jeunes filles et jeunes femmes (au moins dix pour un homme). D’aucuns pensent même que le « vaudou était une religion essentiellement féminine. » Toutefois peut-on nier une éventuelle inégalité entre ces femmes bien qu’il n’existe aucune discrimination de sexe dans cette religion traditionnelle ? Il n’est pas sûr qu’on puisse en parler réellement au point de la dénoncer comme un fait décriant. L’écart entre la mambo et ses hounsis relève d’un principe de hiérarchisation, respecté scrupuleusement par tous les serviteurs. D’ailleurs c’est une forme d’organisation humaine qui ne renvoie pas seulement au vodou mais à toutes les autres institutions. Ce principe de hiérarchisation ne peut être donc, en aucun cas, considéré comme une possibilité de discriminations, si flagrantes dans la Bible à l’égard de la femme. Dans 1 Corinthiens 11, verset 3 : « le chef de la femme, c’est l’homme ». Plus loin, dans les versets 5 à 10 : toute femme qui prie ou prophétise la tête découverte fait honte à son chef. Elle est la gloire de l’homme de qui elle vient et pour qui elle a été créée. Pourquoi Dieu et son fils, ne sont-ils pas des êtres bisexués afin de créer un équilibre symbolique entre l’homme et la femme au lieu de se présenter sous une forme masculine ? Pourquoi Adam est-il né avant Eve au lieu de venir au monde ensemble? Depuis l’époque paléolithique jusqu’à l’entrée de la Renaissance c’était le règne du patriarcat « De toute façon, même lorsque la filiation est celle de la mère, les hommes dominent le clan. La femme est alors un bien, une monnaie d’échange. L’importance pour un homme de posséder une femme s’explique par le fait qu’elles remplissent des fonctions essentielles : elles portent et élèvent des enfants, font la cuisine, fabriquent des vêtements, organisent la cueillette. » (2) . Pour Claude Lévi-Strauss : « la relation globale d’échange que constitue le mariage ne s’établit pas entre un homme et une femme, elle s’établit entre deux groupes d’hommes et la femme y figure comme un des objets de l’échange, et non comme un des partenaires entre lesquels il y a un lien » ; point de vue soutenu par Serge Moscovici soulignant que « le mariage, distribution exogamique des membres d’une société, ne présuppose aucune discrimination statuaire des femmes et des hommes. Pourtant ce sont les femmes qui sont distribuées par les hommes et entre les hommes » (3) . Dans la Grèce antique, comme dans la plupart des sociétés (machistes) actuelles, une femme ne peut avoir qu’un seul homme alors que celui-ci peut posséder autant de femmes qu’il veut. Quelle monogamie discriminatoire ! C’est à partir de la Renaissance que certaines femmes commencent à assumer réellement leur position contre l’inégalité entre les hommes et les femmes. Marie de Gournay (1566-1645) écrit l’Égalité des hommes et des femmes et Grief des dames ; Mme de Condorcet (1764-1822), appuyée par son mari, s’est adonnée à la défense de l’égalité des sexes et le droit des travailleuses. Olympe de Gouges (1748-1793) publie une déclaration des droits de la femme et de la Citoyenne en 1791. Une année plus tard, Mary Wollstonecraft (1759-1797) écrit, en Angleterre, une défense des droits de la femme 1792. Ce sont toutes des initiatives louables qui font honneur au Mouvement féministe qui doit être absolument exempt de toute action immorale. Une fois qu’on a tiré des traits sur toutes les lignes, basées sur l’homosexualité féminine, des violences multiformes faites, en bruit sourd, par des femmes sur des femmes et des hommes, des tendances à transformer les organes de défenses de droits de la femme en des sources de revenus personnelles…, il reste que l’éducation des femmes qui, selon Christine de Pisan (1365-1430) est une nécessité absolue pour devenir Femme, possédant une liberté non aliénée pour faire à bon droit son choix; point de vue, appuyé par Simone de Beauvoir qui souligne dans Le Deuxième Sexe, « qu’on ne nait pas femme, on le devient» c’est-à-dire, on n’est pas femme dans un corps embelli mais par un esprit construit.
Jean Joseph, philosophe et professeur de littérature et philosophie au lycée Henri Christophe

*Lire aussi : Le racisme à déraciner d
ans la cité

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